Résultats
Quelle est notre méthode de traitement ?
- Durant les campagnes de 2019, 2020 et 2022, 259 vidéos ont été collectées ;
- 24% de ces vidéos sont inexploitables en raison de divers problèmes techniques (absence d’enregistrement, visibilité insuffisante, caméra remontée trop tôt, etc.) ;
- Dans 16% des cas, la description de l’habitat a été possible ;
- 60% des stations sont utilisables pour étudier à la fois l’habitat et les poissons ;
- Pour limiter les perturbations causées par le bateau et le KOSMOS, la première rotation de la caméra (sur 5 rotations de 360°) est utilisée uniquement pour décrire l’habitat ;
- Les 3 rotations suivantes sont utilisées pour décrire les poissons. Le but étant de les dénombrer et de les identifier le plus précisément possible dans un rayon de 5 mètres ;
- La dernière rotation n’est pas utilisée pour cause de perturbations potentielles lorsque le bateau revient ;
- L’annotation de l’habitat prend environ 30 minutes par station et l’annotation des poissons varie entre 20 minutes et 2 heures par vidéo selon différents facteurs (visibilité, fréquence d’apparition, difficulté d’identification, etc.) ;
- Des débrumages et/ou corrections des couleurs sont effectués pour aider à l’identification. Ce processus est long : 3 heures pour 15 min de vidéo.
Quels sont nos résultats en Baie de Concarneau ?
Plus d’une centaine de stations ont été analysées à la fois pour l’habitat et les poissons. Ce traitement nous a permis de déterminer 5 types d’habitats dominants : sable, maërl, sargasses, laminaires, herbiers ; et également d’observer une trentaine d’espèces de poissons dans la baie de Concarneau, réparties dans 14 familles différentes.
Les espèces les plus observées sont les Gobiusculus flavenscens (Gobie nageur), Labrus bergylta (Vieille commune) et Pollachius pollachius (Lieu jaune). L’habitat influence les communautés de poissons, avec des différences significatives dans la richesse spécifique1 et la densité d’abondance2.
1 Désigne le nombre d’espèces présentes dans un milieu donné.
2 Désigne l’abondance d’une population animale ou végétale exprimée en nombre d’individus par unité de surface.
Les espèces les plus observées :
Gobies
Lieus jaunes
Vieilles communes
Crénilabres
Cténolabres
Mulets
Centrolabres
Rougets-barbets
Bars communs
Labridae non identifiés
Fonds sableux
- Constituent un habitat difficile pour les poissons, mouvant et sans cachettes nécessitant des compétence pour y survivre : camouflage, aplatissement ou enfouissement ;
- Le KOSMOS étant plus facile à déposer sur le sable (moins d’obstacle, relativement plat, plus clair, etc.), il est donc l’un des habitats le plus échantillonné avec les laminaires ;
- Les Gadidae est la famille la plus fréquente sur cet habitat. 11 des 14 familles de poissons ont été vues sur l’habitat sableux ;
- La richesse spécifique de l’habitat sableux est relativement faible, de même pour la densité d’abondance étant la plus faible des 5 habitats identifiés.
Fonds à herbiers
- Présent à faible profondeur, ils constituent des prairies vertes sous-marines formées de plantes avec des feuilles, des racines, des fleurs et des fruits (les herbiers ne sont donc pas des algues) ;
- Ils sont typiques en Atlantique et servent de refuge aux jeunes poissons et à des espèces adaptées à cet habitat par leur forme et coloration ;
- Bien que les herbiers aient une faible diversité d’espèces, pouvant s’expliquer en partie par l’observation de nombreux juvéniles n’ayant pas été déterminés à l’espèce, ils ont une densité d’abondance élevée ;
- Les herbiers sont des nurseries pour les poissons et sont favorables aux poissons de petite taille comme les Gobiidae souvent présents en bancs ;
- La présence d’espèces plus nocturnes cachées parmi les feuilles limite leur observation en vidéo ;
- Les dégradations des herbiers, comme les traces de mouillage, peuvent être causées par des ancres et des chaînes, nécessitant une surveillance afin d’éviter la surfréquentation.
Bancs de maërl
- Formés de gravier rose violacé, créé par des algues calcaires s’accumulant et poussant sur des fonds sableux ou vaseux. Leur épaisseur varie de quelques centimètres à plusieurs mètres ;
- Seule 6 des 14 familles ont été vue sur le maërl ;
- Cet habitat possède une richesse spécifique élevée et la densité d’abondance la plus importante du fait de sa complexité. En effet, il constitue une zone alimentaire et d’abris importante ;
- Les Gadidae sont les plus fréquemment observés dans le maërl ;
- Les bancs de maërl peuvent être menacé par l’eutrophisation, les espèces invasives et la pêche aux engins traînants, rendant la reconstitution des bancs dégradés difficile en raison de la croissance lente du maërl.
Fonds rocheux - laminaires et sargasses
- Domaine des algues, les fonds rocheux abritent des sargasses et des forêts de laminaires, grandes algues brunes qui prospèrent sous la zone des marées jusqu’à deux mètres de haut. Ils abritent une grande variété de poissons ;
- La diversité d’espèces est plus importante dans les habitats complexes (laminaires, sargasses) en raison de la variété des cachettes et des proies disponibles. Ces forêts servent également de refuge aux poissons juvéniles comme le lieu jaune et le bar ;
- Tout comme l’habitat d’herbier, la densité d’abondance de poisson peut être limitée par la complexité du relief et de la canopée des laminaires, ce qui peut rendre difficile leur détection sur les vidéos ;
- Les habitats insulaires, notamment les sargasses, présentent une diversité d’espèce plus élevée en raison d’une moindre pression humaine, notamment la construction d’infrastructures portuaires et la densité de mouillage pouvant dégrader les zones nourricières ;
- Les activités de pêche récréative côtière peuvent également affecter les populations de poissons, mais ces pressions sont peu quantifiées en raison des défis liés à la pose de la caméra dans des zones accidentées.
Tous les résultats évoqués dans cette page sont tirés du mémoire d’Aurélien Tambutté « Évaluation de l’état écologique de l’ichtyofaune et des habitats de la Baie de Concarneau » (2023)